LES
MOTS DE TRAVERS
À PROPOS
Ces pages ne sont rien de plus que des mots de travers. Des mots qu'on aurait dû garder pour soi, qu'on aurait pu agencer autrement, prononcer plus doucement. Des mots qu'on ne sait pas dire. Ce sont des contes qu'on se raconte pour ne pas dormir debout, des fibres de coeur écorché, des éclats de ragards volés au détour d'un coin de rue. L'humidité fraîche d'une larme encore chaude. Le retroussement de lèvres sur le point de sourire.
Celle qui les écrit, c'est S.
S, c’est la fille d’à côté, celle qu’on remarque à l’occasion, une chevelure rousse dans une marée fauve, puis c’est fini. Si tu lui demandes, elle te dira qu’elle lit ce qu'elle ne peut vivre et qu'elle écrit des rêves qui ne lui appartiennent pas. Elle te dira qu’elle aime se perdre n'importe où sauf en elle-même, et que les rues de la ville sont parfaites pour s'égarer. Elle s’y sent anonyme, à la fois personne et tout le monde. Ce sont toutes ces existences multiples et volages qu’elle veut partager.
Écrire, c'est s'écrire soi-même. C'est écrire l'autre.